On pouvait l'entendre hurler de partout, ce maudit vent. Il hurlait tant qu'il pouvait. Mais à la rigueur, tu t'en fichais complètement. Il pouvait faire ce qu'il voulait ce vent, il ne t'importait guère. Pour le moment bien entendu. Ce soir, tu pesteras et tu râleras contre lui - on pourrait y mettre une main à couper - mais à l'heure actuelle, ce n'est là qu'une plaisanterie. Ce n'était qu'un après-midi glacial et venteux du mois de décembre. Un jour normal en somme. Un jour où tu travaillais. Au moins, ça t'occupait un peu. L'hiver était la période la plus fréquentée de l'année ; normal, tout le monde préférait rester au chaud avec une tasse de thé - ou autre boisson - et un livre entre les mains à attendre l'arrivée de la belle saison. Toi-même Loren, tu appréciais cela.
Parfois, de gentilles personnes venaient te demander de l'aide, car ils ne savaient pas correctement chercher parmi les différentes étagères, soit par flemme, soit parce qu'ils étaient réellement aveugles... Mais comme tu es une adorable personne Loren, tu les aides tous, qu'ils soient aimables ou non. Parfois, oui, il arrive que certains te poussent vraiment à bout - mais ceux-là sont rares - et il peut arriver que tu t'emportes légèrement. Mais ce ne fut pas le cas aujourd'hui. Ce vieux personnage qui te posait mille et une question depuis... Une bonne dizaine de minutes ? Oui, sans doute, à quelques minutes près. Enfin, il te lâcha, mais tu ne pus dire ouf - ou simplement te retourner et faire deux pas, ça marche aussi - qu'une autre personne t'interpella. Un homme bien plus jeune. Tu n'étais pas doué pour deviner l'âge des autres, mais on devinait tout de même rapidement si la personne en face de nous était qualifiée de jeune ou de vieille. C'est... Normal de savoir ça.

Et il cherchait un livre particulier. Ah non, un auteur particulier. Avait-il au moins cherché avant de demander ? Tu ne pouvais répondre à cette question, mais tu espérais néanmoins que la réponse à cette question soit positive... Quoi qu'il en soit c'était à toi de parler désormais. Un sourire éclaira ton visage - comme à chaque fois qu'une nouvelle personne arrivait, soit disant une technique commerciale où je ne sais trop quoi - et tout en te dirigeant naturellement vers l'un des rayons, tu lui répondis « Bonjour ! Edgar Allan Poe... Hein... Laissez-moi regarder... Quelque chose de bien particulier ? ». Tu parlais tout en marchant, et tout en réfléchissant à savoir si tu avais ça en stock ou pas. Et en te disant aussi, que ce n'était point la première fois que tu voyais cet homme. Il avait... Quelque chose de familier. Quelque chose qui te disait que ce n'était pas la première fois que tu le croisais. Oh, tu en voyais du monde. Mais tu n'étais pas du genre à te rappeler du visage de tout le monde, mais alors pourquoi celui-ci te revenait en mémoire ? Et soudain, tu t'arrêtas. Brusquement. Sans prévenir. Et tu te retournas. Vers l'homme. Lui jetant un simple regard. Oui, tu l'as déjà vu. Plusieurs fois. Mais Loren, tu es au courant que tu peux paraître légèrement suspect à fixer une personne comme tu le fais ? On te fixerait ainsi à toi, tu serais gêné, mais fixer une autre personne ainsi, non, ça ne te dérange pas. Finalement, tu détournas le regard un bref instant - comme si quelque chose allait soudainement pointer son nez à ta gauche - et tu prononças quelques mots ; il fallait que tu en aies le cœur net, question de conscience, tout simplement. « C'est étrange... Mais. Votre visage ne m'est pas inconnu... Enfin, il me semble. » Puis d'un air toujours plus naturel, tu te retournas une nouvelle fois, et tu fis signe à cet homme de te suivre. Tu avais beau l'avoir soit disant reconnu, ce n'était pas pour autant que tu n'allais pas lui fournir ce qu'il t'avait demandé. Parfois, tu es assez étrange Loren, avec d'étranges attitudes. Tu le sais, mais ça t'amuse ; quand ça ne te fait pas culpabiliser d'avoir agi ainsi.